Mon très cher père,
Je ne sais même pas pourquoi je t'écris cette lettre qui ne te parviendra surement jamais. Je ne sais même pas comment j'ai fais pour trouver ce parchemin et cette plume. Surement qu'un de ces affreux pirates a du dans une beuverie quelconque les faire tomber en rejoignant sa cabine. A moins que ça ne soit l'un de ses coups tordus à lui, mon tortionnaire, ce bourreau sans cœur qui me retient ici comme un animal de compagnie. Je sais ce que tu me dirais : ne t'énerve pas, ce n'est pas digne d'une jeune fille de ton rang mais tu sais quoi ? Je m'en fiche parce qu'aujourd'hui je ne suis plus une lady mais une esclave. Rien que ce mot dans la conceptualisation de ce qu'il représente me donne clairement la nausée. Je n'y peux rien, même si je suis fille d'ambassadeur, je ne supporte pas d'imaginer une seule seconde que l'on puisse ainsi entraver la liberté de qui que ce soit. C'est plus fort que moi, je pense que chaque être humain devrait avoir le droit à sa part de libre arbitre, de pouvoir faire ce qu'il ou elle désire dans la mesure du raisonnable. Même mes femmes de chambres. D'ailleurs je n'aime pas les appeler comme ça en fait. Je préfère les voir comme des amies. De très bonnes amies. Enfin, ce n'est pas le sujet de cette lettre. Ce n'est pas un appel au secours, je ne suis pas une demoiselle en détresse, tu me connais assez bien pour savoir ça. Même si j'avoue que mon sort n'est pas des plus enviables. Franchement, j'aurais tout donné pour ne pas croiser la route de ce pirate. Il est d'un agaçant... Oui, c'est bien ce que tu craignais. Je suis en captivité avec un de ces voyous de la mer et pas n'importe lequel. Le O'Malley, celui que vous recherchiez. Je crois que c'est pour cela qu'il m'a faite prisonnière moi plutot qu'une autre, pour vous narguer. Mais ne t'en fais pas, je lui rends la monnaie de sa pièce. La digne fille de sa mère comme tu le dirais si bien ! J'avoue qu'elle m manque et que j'aurais aimé la connaître. Tu me parles si souvent d'elle ! Ici, j'ai beaucoup plus de temps pour penser à elle, à ce qu'elle dirait. Serait-elle fière de moi, de celle que je suis devenue ? Je ne sais rien à son sujet, je n'ai que ce médaillon. Ce médaillon qu'il m'avait volé pour me faire venir jusqu'à lui. Je ne lui pardonnerai jamais de me l'avoir volé ce jour là au marché. J'y tiens bien trop. Encore plus que ma vie. Peut être que c'est pour ça qu'au final je me fais si insupportable avec lui. J'essaye de faire tout mon possible pour rendre la vie infernale et j'y arrive plutot bien. Mais bon, je ne pense pas que j'ai trop à me plaindre. Je suis en quelque sorte son esclave personnelle et de ce fait, les autres n'ont pas le droit de me toucher ou de me faire du mal. Je ne comprends pas pourquoi j'ai le droit à ce traitement de faveur. J'ai plus l'impression d'être une dame de compagnie qu'autre chose. Ce que je n'aime pas non plus. C'est contre ma nature d'agir de la sorte, comme une gentille jolie poupée. Heureusement, il y a à bord une personne avec qui j'ai réussi à me lier d'amitié. J'ai été surprise en apprenant que je n'étais pas la seule femme à bord et je m'attendais à une horrible pirate sanguinaire mais elle n'est pas du tout comme ça. C'est une fille vraiment charmante ! Un peu barge je l'avoue, mais adorable. Elle est toujours là pour moi surtout quand son frère déborde. Oui, c'est la petite soeur de l'autre là. Je suis aussi surprise que toi de voir que je peux m'entendre avec une personne de ce genre mais soit, c'est la vie. Et dans le fond, je suis bien contente de l'avoir à mes cotés. Elle m'est d'un soutien sans pareil et j'avoue sans la moindre honte que la vie sans elle sur le bateau me serait bien plus dure sur de nombreux points.
Père, je dois vous laisser, j'entends des pas dans le corridor et je ne voudrais pas que l'on me subtilise cette lettre avant que je n'ai le temps de vous l'envoyer. Je vous la ferai parvenir dès que nous aurons rejoins la terre ferme et que je trouverai une personne de confiance. Sachez que toutes mes pensées sont avec vous et que je n'oublie pas ce que je suis. Une Lysaght. Et les Lysaght ne courbe la tête devant personne et encore moins un pirate !